Le moulin des Korrigans
Il y avait, il y a, il sera … un immense moulin dans les Monts d’Arrée.
La meule de pierre avait été taillée par des nains en des âges oubliés, dans une montagne entière et il aurait fallu trois jours à un humain pour en faire le tour en courant…
Au sommet du moulin, des files ininterrompues de petits êtres étranges apportaient des sacs de grains et les vidaient par les multiples ouvertures.
Certains avaient de très grands yeux, d’autres de très grandes oreilles, d’autres de très grands nez, d’autres de très grandes bouches et d’autres encore de très grandes mains…
Et tous, très affairés, faisaient couler les grains dans une rigole vers la gigantesque meule de pierre en un flot ininterrompu, de jour comme de nuit…
Mais à mi chemin, un voleur très malin et très ingénieux détournait toutes ces récoltes à son profit.
Oh, il n’en faisait rien, il se contentait d’accumuler et d’accumuler encore. La qualité ne l’intéressait pas, il ne se préoccupait que de quantité…
Les petits êtres étranges étaient inconscients de ce voleur et continuaient leur travail sans jamais se lasser…
El la meule tournait, tournait sans s’arrêter …. dans le vide ….
Mais parfois, rarement, un grain s’échappait et tombait là bas tout au fond, sur l’immense roue de pierre qui tournait, tournait. Elle pouvait alors faire son travail avec ce minuscule grain et il était moulu…
Alors, quelque part dans le monde, un être humain disait :
– Oh ! Je viens d’avoir une intuition !
Je vous pose ici la question : Qui est le voleur ? Inutile de prendre le sac à dos pour arpenter les Monts d’Arrée, le voleur est bien caché, car n’est-il pas en nous ? Ne s’est il pas doucement insinué en nous, porté par notre mode de vie, par notre société, par nos contraintes ……
Certains avaient de très grands yeux, d’autres de très grandes oreilles, d’autres de très grands nez, d’autres de très grandes bouches et d’autres encore de très grandes mains….. Nous dit le conte, mais savons nous encore utiliser nos sens ?
Les hommes ne savent plus « regarder », nous ne voyons que ce qui brille, que les images que l’on nous fait absorber, fermons les yeux sur tout cela pour mieux les ré-ouvrir, sachons regarder aussi bien l’ombre et la nuit que le jour et la lumière.
Nous ne savons plus « écouter », je dis bien écouter et non entendre, nous ne savons plus écouter l’oiseau qui chante le matin au printemps, nous ne comprenons plus son langage, nous ne savons plus écouter le silence, pollués à longueur de journée par le bruit, le silence nous est devenu étranger, il nous fait peur, voyer comment après quelques secondes un auditoire peut être mal à l’aise lors d’une minute de silence.
Nous ne savons plus « sentir », nous savons reconnaître les odeurs désagréables, le gaz, l’essence, mais savons nous encore apprécier l’odeur de la mousse humide en la forêt à l’automne, savons nous encore sentir le vent qui tourne et nous apporte l’orage.
Nous ne savons plus « goûter » les saveurs authentiques, trop habitués aux plats tout prêts trop sucrés ou trop salés …
Nous ne savons plus « toucher », toucher l’autre pour le soigner, pour le prendre dans nos bras, toucher l’arbre pour se revivifier à son contact, toucher la pierre qui porte les souvenirs ancestraux, toucher l’invisible comme le sourcier.
Mais surtout, nous avons perdu ce « sixième sens », celui qui nous permet de décoder les messages. Ces messages sont pourtant nombreux, mais il est tellement facile de dire « c’est le hasard », « le hasard fait bien les choses », « il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas » …… Le hasard existe t’il vraiment ?
Sachons retrouver le langage des Messagers, écouter les cris de notre corps, ne plus dire « j’ai mal, je prend un cachet » mais tout d’abord « j’ai mal, pourquoi ? », écouter notre cœur, l’émotivité est bannie dans notre société, elle est paraît-il une entrave à notre réussite, mais réussite à quoi ? A devenir un produit de consommation ?
Enfin sachons écouter nos intuitions, notre flaire, l’homme sauvage qui vit en nous. Et remercions nos Dieux et nos Déesses, nos guides et notre spiritualité pour tout ce qu’elle nous apporte et nous permet de retrouver ce qui fait de nous un humain.
Et peu à peu, de plus en plus de grains passeront dans l’immense roue de pierre.
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