La Peau des Eaux
Nous sommes les eaux enragées
Vengeresses et assoiffées
Ravageant tout sur nos passages
Faisant sauter chaque barrage
Projetées en gerbes d’eaux folles
Hécatombe de camisoles
Libérées en ras – de – marées
Tremble et s’écroule la vallée.
Glissent et s’effondrent les terrains
Grondent et s’embourbent les ravins
Les tsunamis rentrent au port
Et brisent l’âme des plus forts
Emportant mille souvenirs.
Mondes qu’ils aiment engloutir . . .
Regarde les eaux de mon corps
Je suis en vie, je tremble encore
Ma transpiration, ma sueur
Mes larmes, mes sanglots, mes pleurs
Ma lymphe, ma circulation
Nez qui coule, ou bien postillons.
Mes urines, mon sang , ma sève,
Les fièvres que ton corps soulève . . .
Revoilà le tour des averses
Douches froides qui tout transpercent.
Les capuches, les parapluies
Les trombes de jour et de nuit
Un autre déluge annoncé
Les soupes et les gens sont trempés.
Où l’on m’attend je ne suis pas
Le monde a soif et pleurera
Boira le mirage du manque
L’eau ne se stocke pas en banque.
Sèche l’assoiffeur assoiffé
Mouille l’arroseur arrosé. . .
Les marécages, l’eau putride
La vase, les marais humides
Lentilles des eaux suffocantes
Les moustiques des eaux stagnantes
Eaux grouillantes de bactéries
De moiteur, de mort et de vie.
Canalisations pour les fées
Qui se retrouvent enfermées
Et voyagent dans les tuyaux
Transports modernes, métros d’eaux !
Emprisonnement d’esprits libres
Énergies retenues qui vibrent
Sorties de secours, exit :
Robinets, éclatements, fuites . . .
Tout craque, tout fond, tout s’enlise
Se liquéfie comme banquise
Disparaissent les Dames Blanches
Marées Noires gagnants la Manche.
Des eaux polluées, des eaux sales
Rejets d’usines ou fonds de cales
Le déversement des égouts
Eaux gavées qui avalent tout.
Absorbent les sables mouvants
Aspirent les buvards buvants . . .
« Santé ! » pour l’âme des eaux mortes !
Buvons ; les coupes réconfortent !
Dans le caniveaux l’eau rigole
Et se faufile en course folle.
Pouffent et se marrent les canards
Frétillent les derniers têtards
Mais attention à l’eau qui dort
Sonnera la loi du plus fort
Il faut que l’on comprenne bien
Qu’on ne change pas l’eau en vain.
Une extraordinaire poésie de mon amie Plume
Prenez soin de vous
Dianann
Ce n’est pas pour rien que Plume s’appelle « Plume » …Un sacré coup de Plume il est vrai.