Glossaire

(1) Goleuddydd, « jour brillant; » cf. breton gouloudeiz. Elle a été mise, par les hagiographes gallois, au nombre des saintes, et il y avait une église sous son nom à Llanysgin, en Gwent (Iolo mss., p. 120).

(2) Dans les Achau saint ynys Prydain (Myv., p. 431, col. 2) ou Généalogies des saints de l’île de Bretagne, Amlawdd Wledic est donné comme le père de Tywanwedd ou Dwywanwedd, qui fut mère de plusieurs saints, notamment de Tyvrydoc, honoré à Llandyvrydocen Mon (Anglesey). Tyvrydoc a donné son nom, en Armorique, à Saint-Evarzec, arrondissement de Quimper, au XIIème siècle, Sent-Defridec, au XIVème Saint-Teffredeuc et Saint-Effredeuc. Le Brut Tysilio a fait de Eigr, l’Igerna de Gaufrei de Montmouth, et d’après lui, la mère d’Arthur, une fille d’Amlawd Wledic (Myv. arch., 2ème éd. p, 481, col. 1). Ce détail ne se trouve point dans Gaufrei; il est reproduit par un manuscrit que la Myv., déclare vieux de cinq cents ans, p. 587, et qui est une version galloise de Gaufrei (Eigyr verch Amlawd wledic; ce manuscrit donne aussi Gorloes, forme plus correcte et plus cornique que Gwrlais).

(3) Kulhwch. C’est une de ces étymologies fantaisistes, comme on en rencontre de temps en temps dans les Mabinogion, et, en général, au moyen âge. L’auteur, décomposant le mot en kul et en hwch, a vu dans kul le mot cil, «cachette, retraite, coin, ou cul étroit,» et dans hwch le mot hwch, aujourd’hui truie, mais autrefois porc en général (cf. arm., houch, «porc»). Le nom du Kulhwch est conservé dans Tref Culhwch, près de Pencaer en Pembrokeshire (Eg. Phillimore, Owen’s Pembrok., 72. b. 322, note).

(4) Arthur. Le nom d’Arthur n’est prononcé ni par Gildas, ni par Bède. Il figure pour la première fois chez Nennius. Suivant l’auteur de l’Historia Britonum, Arthur était chef des guerres contre les Saxons à la fin du Vème siècle; il aurait remporté sur eux douze victoires. Dans un autre passage qui n’appartient peut-être pas à l’œuvre primitive, il est fait mention d’une chasse au monstre appelé porcum Troit, par lui et son chien Cavall. L’Historia, dans ses parties originales, date du IXème siècle (Voir Arthur de la Borderie, l’Historia Britonum, attribuée à Nennius. Paris, 1832; Heeger, Die Trojanersage der Britten. Munich, 1887; Zimmer, Nennius vindicatus). Les Annales Cambriae, dans la partie la plus ancienne, dont la rédaction parait être du Xème siècle (elles ont été rédigées entre 954 et 955, comme l’a montré Egerton Philimore, Y Cymmrodor, IX, p. 141-189 : le manuscrit le plus ancien, le Harblian, est de plus d’un siècle plus récent), disent qu’Arthur porta la croix trois jours et trois nuits sur ces épaules, à la bataille du mont Badon, dont il est aussi question dans Gildas, et qui paraît avoir été une défaite très grave pour les Saxons. D’après ces mêmes annales, Arthur aurait péri avec son neveu et adversaire Medraut, en 537, à la bataille de Camlann. Dans l’Historia regum Britanniae de Gaufrei de Monmouth, l’histoire d’Arthur parait singulièrement grossie: il est fils d’Uther, roi des Bretons, et d’Igerna, femme du duc de Cornouailles Gorlois; il bat non seulement les Saxons, mais les Irlandais et les Romains; il conquiert une bonne partie de l’Europe. Son neveu Modred s’empare, en son absence, de son trône et de sa femme. Arthur réussit à le battre malgré son alliance avec les Saxons; mais il est mortellement blessé et se fait porter à l’île d’Avallon pour soigner ses blessures. C’est de là que les Bretons d’Angleterre et de France ont longtemps attendu sa venue. L’histoire de la naissance d’Arthur, des amours d’Igerna et d’Uter, inspirées peut-être d’Ovide, comme l’a fait remarquer M. Paulin Paris (Les Romans de la Table Ronde, I, p. 48), ne sont pas uniquement dues à l’imagination de Gaufrei; sa querelle avec Medraut, sa blessure et sa retraite à Avallon appartiennent aux traditions bretonnes, Gaufrei, pour le faire fils d’Uther, a glosé peut-être le passage de Nennius, où il est dit que les Bretons l’avaient, à cause de sa passion pour la guerre, appelé Mab Uter id est filius horribilis; gallois moyen uthr, surprenant, merveilleux. Dans les Traditions galloises, les poésies, c’est un personnage souvent surnaturel; les propriétés de son épée, de son manteau, rappellent celles de certains héros de l’épopée irlandaise. Il faudrait un volume pour réunir tout ce qu’on trouve dans la littérature galloise seule sur ce héros de la race bretonne. S’il a réellement existé (ce doute eût coûté la vie, au moyen âge, en pays breton), la légende lui a, à coup sûr, attribué les traits de héros ou de demi-dieux plus anciens. (Pour plus de renseignements sur la légende d’Arthur, cf. Gaston Paris, Hist. litt., XXX, p. 3 et suiv.; San-Marte, Die Arthursage, Quedlinburg, 1842; John Rhys, Arthurian Legend, 1891; Celtic Folklore, 2 vol. 1901, passim.; sur les nombreuses localités qui ont porté le nom d’Arthur v. Stuart Glennie. Arthurian Localities, Edinburgh, 1869). On dit encore dans la Bretagne française : fort comme un Artu.

(5) Athraw ou Athro. La coutume chez les anciens Gallois était d’avoir un athraw pour la famille : « Il y a trois choses qu’un Gallois, possesseur de terres, doit garder et entretenir : une femme légitime, un homme armé, s’il ne peut lui-même porter les armes et un professeur domestique » (Athraw leuluaidd. Ancient laws, II, p. 514, 31). Le bardd remplissait souvent ce rôle; c’était lui, en particulier, qui tenait les généalogies. Athro désigne peut-être ici le confesseur, ou plutôt un de ces clercs familiers qui, en France au XIIIème, cumulaient, sous le nom de latiniers, les fonctions d’interprète, de rédacteur et de chapelain (V. Lecoy de la Marche, La Société au XIIIème siècle, p.191).

(6) D’après Rees, Welsh Saints, p. 209 (voy. Lady Guest, Mab., II, p.320), il y aurait eu un roi Doged, fils de Cedig ab Ceredig ab Cunedda Wledig, frère de l’évêque Avan, fondateur de Llan-Avan en Breconshire. Il a été mis au nombre des saints, et a donné son nom à Llan-Ddoged, dans le Denbighshire. Il aurait vécu de 500 à 542.

(7) Vieille sorcière dans le sens figuré du mot (cf. vieille fée). Le mot breton groac’h a tous les sens du gallois gwrach.

(8) Tout ce passage se trouve dans la version galloise des Sept Sages de Rome des Selections from Hengwrt mss. II, p. 301, v. J. Loth, Revue Celtique, XXIII, p. 349.

(9) D’après la plus ancienne rédaction des lois galloises, celle de Gwynedd ou Nord-Galles, à douze ans on pouvait marier les filles (les donner à un mari : rody y wr). L’âge, pour le garçon, devait être quatorze ans révolus, car, à partir de cet âge, il est maître de ses actes, il possède en propre; son père n’a plus sur lui droit de correction (Ancient laws, I, p. 202, 8; 204, 3). Il va sans dire que, dans la réponse de Kulhwch, il ne s’agit pas de l’âge fixé par la loi.

(10) Voir la note à honneur, à la page 127. [dans le mab. de ‘Branwen, fille de Llyr’ note à wynebwarth ]

(11) Dafydd ab Gwilym, chantant une femme, l’appelle fain Olwen « mince, svelte Olwen » (p. 162); on trouve une comparaison semblable, Iolo mss., p. 239.

(12) D’après la Cyclopaedia de Rees, citée par lady Guest, au VIIIème siècle, c’était la coutume, dans les familles de marque, de faire couper, la première fois, les cheveux de leurs enfants par des personnes qu’elles avaient en estime particulière : ces personnes devenaient comme les pères spirituels ou parrains des enfants. Constantin envoie au pape les cheveux de son fils Héraclius, comme un gage qu’il désire faire de lui, pour Héraclius, un père adoptif. Guortigern ayant eu un fils de sa fille, la poussa à aller porter l’enfant à Germain, l’évêque, en disant qu’il était son père. Germain dit à l’enfant : « Pater tibi ero, nec le permittam nisi mihi novacula cum forcipe et pectine detur, et ad patrem tuum carnalem tibi dare liceat. » L’enfant va droit à Guortigern, et lui dit « Pater meus es tu, caput meum tonde, et comam capitis mei pecte. » (Hist., XXXIX ) Le mot diwyn (v. notes critiques) indique ici donc l’action de mettre en ordre, couper et peigner la chevelure. Ce même usage existait chez les Germains (V. Loth, Revue Celt., 1890, p. 495-496). Il semble aussi, d’après ce passage, que cette opération ne soit pas destinée à faire d’un enfant un fils spirituel, mais qu’elle soit réservée au père et aux parents.

(13) Notes critiques. Le glaive au moyen âge, dans nos romans français, est une lance. Le gleif gallois, qui lui est emprunté, a le même sens. Dans le Brut Gr. ab Arthur (Myv. Arch., 532.2), Arthur se ceint de son épée Caletvwlch; puis il prend en mains, un gleif du nom de Ron uwchel. Or dans les Nod. correspondantes, tirées d’un ms du XIIème-XIIIème siècle (Myv. arch., p. 589, n° 510), le mot gleif est remplacé par gwaew; lance. De même dans le Brut Tysilio. (ibid., 463.1), la lance est appelée Rongymyniat : dans Kulhwch (texte, p. 105) c’est Rongomiant.

(14) Le texte gallois porte lugorn olifant yndi (et une lugorn d’ivoire en elle). On pourrait songer à traduire lugorn par corne de guerre mais c’est un sens très rare. Il s’agit peut-être d’une lanterne dans la croix ou le pommeau de l’épée. Lanterne désignait quelquefois, au moyen âge, un joyau renfermant des boules de senteur; d’après Littré, on donne encore ce nom à la partie de la croix d’un évêque, ou du bâton d’un chantre, qui est à jour. Les pommeaux d’épée, au moyen âge, étaient souvent à jour; souvent ils renfermaient, sous un chaton, des reliques sur lesquelles on jurait (Voy. Viollet-le-Duc, Dictionnaire du mobilier français, V, p. 378). Peniarth, IV (L. Blanc 483), a lloring au lieu de lugorn mais le sens est inconnu.

(15) Chez les anciens Bretons, comme chez les Irlandais, la valeur commerciale était appréciée en têtes de bétail. C’est encore la façon de compter, dans les lois d’Howel Da, rédigées au dixième siècle, mais dont le plus ancien manuscrit remonte au douzième siècle. C’est un souvenir de l’époque où la richesse consistait surtout en troupeaux.

(16) Voir Notes Critiques à la page du texte 103, lignes 6 et 7.

(17) Huandaw, « qui entend bien; » Gogigwc est probablement une faute du copiste pour Gogihwc, épithète qu’on trouve dans le Gododin d’Aneurin (Skene, Four ancient books of Wales, p. 90, vers 13), mais dont le sens n’est pas certain; Llaesgenym est peut-être altéré aussi; Pen. 4. Laes Kemyn peut-être pour Llaes Kevyn; le premier terme, llaes, vient du latin laxus; Owen Pughe donne à Pennpingion le sens de tête branchue, en rapprochant pingion de pingc.

(18) Le mot gallois indique que la corne à boire était faite primitivement et ordinairement aussi, sans doute, de corne de buffle ou bœuf sauvage. D’après les lois galloises, la corne à boire du roi, la corne qu’il portait dans ses expéditions, et la corne du chef des chasseurs, devaient être de bœuf sauvage (Ancient laws, II p. 991).

(19) Le même trait de mœurs se retrouve chez les anciens Irlandais. Quand Lug, fils d’Eithlenn, sorte de Mercure irlandais, se présente au palais royal de Tara, le portier refuse de le laisser entrer à moins qu’il ne soit maître en quelque art ou profession (O’Curry, On the manners, III, p, 42).

(20) Le dystein ou intendant du roi devait fournir au cuisinier certaines herbes; la seule qui soit spécifiée, c’est le poivre (Ancient laws, I, p. 48). Les viandes poivrées sont en honneur aussi dans nos romans de chevalerie : « poons rostis, et bons cisnes (cygnes) pevreis, » [viandes rôties et bons cygnes poivrés] vers 1560, dans Raoul de Cambrai, édition de la Société des anciens textes français.

(21) Le cri perçant (diaspad) était un moyen légal de protestation d’après les lois. Il était encore en usage, d’après le code de Gwynedd, dans le cas où un descendant au neuvième degré venait réclamer une terre comme lui appartenant : on l’appelait diaspat uwch annwvyn ou cri plus haut que l’abîme (Ancient laws I, 173,174.2). D’après le code de Gwent, le diaspat egwan ou cri de détresse, était légal au Gallois à qui on refusait l’aide de la loi dans la cour du roi ou devant le juge, au sujet de son patrimoine, ou aux descendants au neuvième degré, pour protester contre une déchéance de propriété (Ancient laws, I, p. 774, 1). Sur la clameur chez les Français comme protestation contre un décret du souverain, v. Paulin, Paris, Romans de la Table Ronde, IV, notes.

(22) Dans les Lois, 1, p. 184, donnent un Penryn Penwaed y Kernyw. Ce serait, d’après l’éditeur, aujourd’hui Penwith en Cornwall, lieu de Pen Blathaon yn y Gogled. Les Lois portent Penryn Blathaon ym Prydyn, c’est-à-dire en Ecosse; on suppose que c’est Caithness. D’après les Lois, Dyvynwal Moelmut aurait fait mesurer l’île de Bretagne et aurait trouvé, de Penryn Blathaon à Penryn Penwaed, 900 milles, et de Crygyll en Anglesey jusqu’à la Manche, 500 milles. Din Sol est l’ancien nom du Mont de St-Michel de Co

 (23) Glewlwyt à la forte étreinte. On le trouve déjà dans le Livre noir, remplissant ses fonctions de portier, mais non, à ce qu’il semble, celles de portier d’Arthur (Skene, II, p. 50, v. 24).

 (24) La légende galloise distingue deux Ynyr : Ynyr Gwent et Ynyr Llydaw ou Ynyr d’Armorique. Ynyr Gwent serait, d’après le Liber Laudavensis, p. 111, le père d’un prince Idon, contemporain de saint Teliaw. L’Ynyr armoricain serait fils du roi Alan, et neveu de Cadwaladr (Gaufrei de Monmouth, éd. San-Marte, XII, 19, écrit Iny; Brut Tysilio, p. 475, col. 2). Taliesin célèbre les exploits d’un Ynyr (Skene, II, p. 167, v. 25; p. 168, v.8 et suivants; au vers 25 le poète parle des gwystlon ou otages d’Ynyr).

(25) Au lieu de Kaer Oeth ac Anoeth, on trouve généralement Carchar (prison) Oeth ac Anoeth. D’après les Iolo mss., p. 187, après la destruction complète des envahisseurs romains par les Bretons gouvernés par Caradawc ab Bran, Manawyddan, fils du roi Llyr, fit rassembler de toutes parts leurs ossements, et en mêlant la chaux aux os, il fit une immense prison destinée à enfermer les étrangers qui envahiraient l’île, et les traîtres à la cause de la patrie. La prison était ronde; les os les plus gros étaient en dehors; avec les plus petits, qui étaient en dedans, il ménagea différents cachots; il y en eut aussi sous terre spécialement destinés aux traîtres. Le Livre noir fait mention de la famille d’Oeth et Anoeth (Skene, 31, 8). D’après les Triades du Livre rouge (Mab., p. 300, 1; 306, 9), Arthur aurait été trois nuits dans cette prison avec Llyr Lledyeith, Mabon, fils de Modron, et Geir, fils de Geiryoed; il aurait été délivré par Goreu, fils de Kustennin, son cousin. Nous retrouvons plusieurs de ces personnages dans notre mabinogi. Les noms des prisonniers diffèrent, p. 306 (v. plus bas à propos de Modron). Le sens de oeth et anoeth ici n’est pas sûr. La terre oeth est une terre cultivée et boisée; la terre anoeth est une terre inculte (Iolo mss., p. 189; cf. Silv. Evans, Welsh Dict.). Mais oeth a aussi le sens de richesses, joyaux, présents, ainsi qu’anoeth : (cf. -oeth dans cyf-oeth, richesse, puissance; cf. irl., cumachte).

(26) Kei est un des personnages les plus connus des légendes galloises. Dans les mabinogion qui ont subi l’influence française et dans les romans français il est brave, mais bavard, gabeur, et il n’est pas toujours heureux dans ses luttes. Dans ce mabinogi il a ses véritables traits; il commence déjà cependant à gaber. Le Livre noir le présente comme un compagnon d’Arthur, et un terrible guerrier « quand il buvait, il buvait contre quatre, quand il allait au combat, il se battait contre cent » (Skene, p. 50, XXXII; 52, v. 5, v. 17 et suiv.). D’après les Triades (Mab., 303, 3), c’est un des trois taleithawc ou chefs portant sur le casque une large couronne d’or, avec Gweir, fils de Gwystyl, et Drystan, fils de Tallwch. Les poètes gallois du moyen âge (Gogynveirdd), du XIIème au XVème siècle, font de fréquentes allusions à Kei : Myv. arch., 978, col. 2 : Mae yn gyveill grymus val Kei gwynn (il est un ami fort comme Kei béni); ibid., p. 328, col. 2: Wryd Cai (la vaillance de Kei); ibid., p. 329, col. 1 : Cai boneddigaidd (noble comme Kei); ibid., p. 332, col. 1 : Pwyll Cai (la raison, le sens de Kei); Davydd ab Gwilym, p. 323 (éd. de 1873), contre Rhys Meigen : Nid gwrol Gai hir, ce n’est pas un brave comme Cai le long; Llewis Glyn Cothi, p. 309, 15, cite aussi Kai hir (Kai le long). Il est fils de Kynyr, mais il semble bien, d’après une phrase de notre mabinogi et un poème des plus singuliers de la Myv. arch., qu’il y ait eu des divergences d’opinion ou des doutes sur ce point. Dans ce poème, qui est un dialogue entre Gwenhwyvar et Arthur qu’elle n’a pas reconnu, il est appelé fils de Sevyn. Gwenhwyvar le vante comme un guerrier incomparable; elle déclare à Arthur qu’à en juger par son apparence, il ne tiendrait pas Cai, lui centième; à quoi Arthur répond que, quoiqu’il soit petit, il en tiendrait bien cent tout seul (Myv. arch., p. 130, col. 2). Pour les qualités merveilleuses de Kei, voir plus bas. Gaufrei de Monmouth le donne comme dapifer d’Arthur (IX, 11,.12, 13; X, 3, 6, 9. 13); il a, en effet, les fonctions propres au dystein dans le mabinogi d’Owen et Lunet. La forme de son nom, dans les romans français, Keu, est bien galloise (prononcez Keï). D’après notre mabinogi, il aurait été tué par Gwyddawc ab Menestyr (149).

(27) Une formule de salut aussi développée et analogue se retrouve dans un poème de la Myv. arch., p. 248, col. 2, attribué à Elidyr Sais (XII-XIIIèmes s.).

(28) Caledvwlch, de calet « dur, » et de bwlch «entaille, brèche » : dur à entailler? » ou « qui entaille durement. » Une épée célèbre dans l’épopée irlandaise, l’épée de Leité, qui lui venait d’une demeure de fées, porte un nom analogue, Calad-holg, qu’O’Curry traduit par « hard-bulging » (O’Curry, On the manners II, p. 320). – Rongomyant : ron signifie lance; le second terme n’est pas clair. C’est Ron uwchel et Rongoruchel dans le Brut Gr. ab Arthur (Myv. arch., p. 32,2 et Nod. 500), Rongymynyat ou Lance qui taille, dans le Brut Tys. (ibid., p. 163-178.)

(29) Gwyneb Gwrthucher : gwyneb, « visage, » gwrthucher « soir » (Cf. cornique gwrthuher: Vocab. cornique, Zeuss, Gr. Celt. app.).

(30) Karnwenhan; le premier terme, carn, signifie «manche; » gwenana, dans les dictionnaires, le sens de ampoule ou pustule sous la peau; il est plus probable qu’on ait affaire ici à un diminutif de gwen « blanche » : kyllell, « couteau, » est féminin : Karnwenhan « à manche blanc ou à peu près blanc. »

(31) Gwenhwyvar, la Gvanhumara de Gaufrei de Monmouth, et la Genièvre des romans français. Suivant Gaufrei, IX, 9, elle serait de race romaine, et élevée par Cador, duc de Cornouailles. Les traditions galloises lui donnent toutes, comme père, Gogrvan ou Gogvran Gawr, même le Brut Tysilio, Myv., p. 464, col. 1; Triades du Livre rouge, Mabin., p. 302, 10 (cf. Myv. arch., p. 396, 16): « Trois principales dames d’Arthur; Gwenhwyvar, la fille de Gwryt Gwent, Gwenhwyvar, le fille de [Gwythyr], fils de Greidiawl, et Gwenhwyvar, la fille de Ocurvan Gawr » (Myv.: Ocurvran Gawr). Il y a un Caer Ogrvan à un mille au nord d’Oswestry, d’après les éditeurs de Llewis Glyn Cothi, p. 307, vers 28: le poète (XVème s.) mentionne Kaer Ogyrvan. D’après les Triades, le soufflet que lui donne Gwenhwyvach est la cause de la bataille de Camlan, où périt Arthur; elle aurait été également arrachée de sa chaise royale à Kelli Wic, en Kernyw, par Medrawt, neveu d’Arthur, et souffletée par lui (Triades Mab., 301, 18, 24, 25; Myv. arch., p. 398, col. 2); une triade ajoute qu’il aurait eu des rapports criminels avec elle (Myv., p. 406, col. 1). On sait que Gaufrei la fait enlever par Medrawt; à l’arrivée d’Arthur elle entre dans un monastère. Les romans français en font l’amante de Lancelot du Lac. Un proverbe gallois a conservé le souvenir de Gwenhwyvar

Gwenhwyvar merch Ogyrvan Gawr

Drwg yn vechan, waeth yn vawr.

«Gwenhwyvar, la fille de Gogyrvan Gawr, mauvaise étant petite, pire devenue grande (Myv. arch., p 863, col. 1l. »

Gwenhwyvar (blanc fantôme ou blanche fée) est identique à l’irlandais Finnabair : les deux mots sont composés de vindo- (fém. vindā, vendā), blanc et de seimari ou seibari, fantôme, fée : cf. irl. mod. siabhra; gaëlique siabhrach, a fairy; irl. moyen Siabur = Seibaro.

(32) Voir plus bas.

(33) Un des trois Gallovydd ou maître ès machines, de l’île de Bretagne, avec Drystan, fils de Tallwch et Gwgon, fils de Gwron (Triades Mab., p. 304, 21). D’après d’autres triades, il est fils d’Envael Adran (Skene, II, app., p. 458: au lieu de Gwgon Gwron, Gweir Gwrhyt vawr). Suivant les Iolo mss., p. 6, n° 29, il battit une population étrangère, les Corraniaid, dont une partie passa en Alban (Ecosse), et l’autre en Irlande. D’après une autre tradition, ce serait un possesseur de flottes, un roi de la mer (Iolo mss., p. 263, 13).

(34) V. Plus bas.

(37) V. plus bas.

(36) Dans le poèmes sur les tombes, Livre noir, éd. Skene, p. 32, la tombe d’un Kindilic, fils de Corknud, est mentionnée comme une tombe d’alltud ou étranger. C’est aussi le nom d’un fils de Llywarch Hen (Livre noir, p. 48, 34; 61. 25).

(37) Tywyll Goleu, « sombre clair » V. notes critiques.

(38) L’auteur a vu un rapport entre le second terme wys, dans Maetwys, et Baeddan : Gwys, cf. breton gwes, « truie »; Baeddan, diminutif de baedd, porc ou sanglier mâle.

(39) C’est le nom du célèbre roi d’Ulster Conchobar mac Nessa (Kuno Meyer, Early relations between Gael and Brython, 1896, p. 35).

(40) Kubert est, sans doute, une faute du copiste ou de plusieurs copistes successifs. Il y a un fils de Daere bien connu, c’est Conroi ou Cúroi. Curoi, roi de West Munster, fut tué traîtreusement par le plus grand héros de l’épopée irlandaise, Cuchulain, qui emmena Blanait, la femme de Curoi, avec lui en Ulster. Le fidèle barde et harpiste de Curoi, Fercoirtne, se rendit à la cour de Cuchulain, un jour où les chefs étaient assemblés à Rinn Chin Bearraidhe, sur une colline à pic; il se rapprocha de Blanait, en causant l’amena sur le bord du précipice, et, lui jetant les bras autour du corps, il se précipita avec elle du haut de la colline. On trouve, parmi les poèmes attribués à Taliesin, une élégie sur la mort de Conroi mab Dayry; le nom de Cuchulain s’y trouve mentionné (Cocholyn). Le poème n’a pas été compris par Stephens, comme le fait remarquer Skene, qui ne l’a pas d’ailleurs bien traduit non plus. Sur Conroi, v. O’Curry, On the manners, II, p. 9, 10, 97, 199. 358; III, t5, 75, etc.

(41) Nwyvre, firmament, empyrée.

(42) V. plus bas.

(43) Edern, qui joue un rôle important dans le mabinogi de Geraint ab Erbin, est devenu, comme beaucoup d’autres héros, un saint. Il a donné son nom à Bod-Edern, en Anglesey, et à Lann-Edern, arrond. de Châteaulin, Finistère (v. Myv. arch., p. 424, col. 1). Il est fait mention de lui chez les poètes. Edern llit, « la colère d’Edern, » Myv. arch., p. 282, col. 1; Ochain Edern « soupir comme celui d’Edern » (Myv. arch., p. 302, col XIII.- XIVème s.).

(44) Le ms. porte Adwy : c’est une faute pour Arvy, qui est lui-même pour Garwy. Garwy, fils de Geraint, est un des personnages les plus souvent cités : Myv. arch., p. 411, col. 1, c’est un des trois chevaliers amoureux et généreux de la cour d’Arthur, avec Gwalchmei et Cadeir, fils de Seithin Saidi; un poète cite sa vaillance (Myv., p. 293, col. 2; 323. col. 1), un autre sa générosité (Myv., p. 328, col. 2), cf. Llew-Glyn Cothi, p. 161, v. 21 : Gwryd Garwy, « la vaillance de Garwy; » Daf. ab Gwil., p. 191; c’est l’amant de Creirwy : le poète Hywel ab Einiawn Llygliw (1330-1370) compare une femme à Creirwy la belle, qui l’a ensorcelé comme Garwy (Myv. arch., p. 339, col. 1).

(45) Un des trois unbenn (prince, chef) de la cour d’Arthur, avec Goronwy, fils d’Echel, et Kadyrieith (Triades Mab., 303, 13; cf. Triades, Skene, II, p. 456); Pen-4 (L. Rh. 460) : Flewdwr Flam wledic : flam est emprunté au latin flamma.

(46) Un des trois Gwyndeyrn (beaux rois ou rois bénis) de l’île de Bretagne, avec Owein, fils d’Uryen, et Run, fils de Maelgwn. Le nom de son père est tantôt Dorarth, tantôt Deorath; il faut probablement lire Deorarth ? (Triades Mab., 303, 8; cf. Triades, Skene, II, p. 456). Il y a un autre Ruvawn, fils de Gwyddno, plus connu. La forme préférable de ce nom paraît être Ruvawn – Rōmānus; vieux gallois Rumaun (moyen bret. Rumon); on la trouve dans les généalogies du Harleian mss. 3.859 (v. tome II, p. 323).

(47) Avec Ryhawt, fils de Morgant, et Drystan, fils de March c’est un des trois pairs de la cour d’Arthur (Myv. arch., p. 393, 89.) Son cheval, Fer-las (cheville bleue), est un des trois Gordderch varch (cheval d’amoureux) de l’île (Triades Mab., 307, 3). Au lieu de Kimin, on trouve aussi Kunin.

(48) Le texte ne porte que : fils d’Alun Dyvet. Livre noir, 30 26, 27 : Bet Run mab Alun Diwed, « la tombe de Run, fils d’Alun Dyved; » la tombe d’Alun est également mentionnée comme celle d’un vaillant guerrier. Il y a un Dyvyr, donné aussi comme fils d’Alun Dyved (Mab., 159, 30; 2-5, 17).

(49) Il est fait mention d’un Ychtryt vab Etwin dans le Brut y Tywysogyon, Myv. arch., p. 612, col. 2; un canton de Carmarthenshire portait le nom de Uchtryd; le texte porte ardywat; il faut probablement lire ardwyat cat, « directeur, régulateur du combat. » (Confirmé par Pen, 4 (L. Rh. 460) : ardwyat).

(50) Gwarthegvras, au gros bétail.

(51) Il est mentionné dans les Chwedlau y Doethion. (Propos des sages) : ( As-tu entendu ce que chante Ysperir s’entretenant avec Menw le Long : l’ami véritable se reconnaît dans le danger. » (Iolo mss., p. 254, 49.) Ewingath signifie ongle de chat.

(52) Pen. 4 (L. Blanc) a Brathach qui paraît préférable (Brath, piqûre, morsure).

(53) Kanllaw, « aide, support; » Kanhastyr ou Kanastr est traduit par Owen Pughe, par « cent liaisons, cent recours; » le mot indique, en tout cas, quelque chose de fort embarrassé; il forme opposition avec Kanllaw (cf. Tywyll Goleu et Rwydd Dyrys). Ce terme apparaît dans les Lois : Cyhyryn canhastyr se dit de « la viande volée qui arriverait à la centième main; » y aurait-il eu cent hommes participant au vol, celui sur lequel on en saisit un morceau est passible d’une amende (Richards, Welsh Dict., d’après Wotton).

(54) On trouve aussi Kwrs; Kors est préférable; on trouve un Kors, fils d’Erbig, et un autre, fils de Gafran, dans le Liber Land., p. 466, 487. Kant ewin « aux cent ongles. »

(55) Il est fait mention de Lloch Llawwynnawc«à la main blanche, » dans le Livre noir, 51, 14, parmi les compagnons d’Arthur (Lluch Llawynnauc). Lloch parait être le Loth ou Lot des Romans de la Table Ronde (sur Loth, cf. J. Loth, Rev. celt., 1897, p. 84.)

(56) Mentionné à côté de Llwch Llawwynnyawc dans le Livre noir (51, 15); adeinawc «l’ailé. » C’est probablement le même personnage donné sous le nom d’Edenawc (Pen. 4. L. Rh. 461 : Edeinawc), comme un des trois vaillants qui ne revenaient jamais du combat que sur une civière : Grudnei, Henpen et Edenawc, fils de Gleissiar du Nord (Triades, Skene, II, p. 458; Triades Mab., 304, 15 : Aedenawc).

(57) On trouve aussi Seitwet (Triades Mab., 302, 16), mais c’est peut-être un personnage différent; seithvet signifie septième.

(58) Texte, Naw, mais le L. Rouge reproduit un manuscrit où le signe désignant w a aussi, parfois, la valeur v : Pen. 4 (L. Rh. 461) ajoute après Naw : mab Seithvet; Gwennwynwyn est un des trois chefs de flotte de Bretagne, avec Geraint ab Erbin et March ab Meirchion; chacun possédait cent vingt navires, montés chacun par cent vingt hommes (Myv. arch., p. 407, 68). Un des trois chefs d’œuvres de l’île est le navire de Nefydd Nef Neifion, qui porta un mâle et une femelle de chaque espèce d’animaux quand se rompit l’étang de Llion (Myv. arch., p. 409, col. 97). Neifion serait venu, en nageant, de Troie à l’île d’Anglesey, d’après un passage de Daf. ab Gwil, p. 73 : « Nofiad a wnaeth hen Neifion o Droia vawr draws i Fon. » – II est fait allusion à un Naf Eidin par un poète du XIIIème et XIVème siècle, Myv. arch., p. 290, col. 2.

(59) Echel est identifié par les poètes gallois avec le nom d’Achille. Morddwyt Twll (à la cuisse trouée).

(60) Le texte porte Datweir, mais la forme Dallweir se trouve plus loin et dans d’autres textes. Ce Dallweir Dallbenn avait pour porcher un des trois grands porchers de l’île, Coll, fils de Collfrewi. Voir la note sur Coll et les porcs de Dallweir à Twrch Trwyth, plus bas.

(61) Au lieu de Ricca, lire Rita : v. plus bas, et tome II, Triades. Ce nom est représenté aujourd’hui encore dans la toponomatique du Nord-Galles (J. Rhys, Celtic Folkl., II, pp. 477-80; 566-4.)

(62) Voir plus bas.

(63) Digon, assez, Alar dégoût, satiété.

(64) Nerth, force, Kadarn, fort.

(65) Drulwas ab Tryffin aurait reçu de sa femme trois oiseaux merveilleux connus sous le nom d’Adar Llwch Gwin ou oiseaux de Lwch Gwin; ils faisaient tout ce que leur maître voulait. II défie un jour Arthur. Il envoya avant lui ses oiseaux sur le lieu du rendez-vous avec ordre de tuer le premier qui se présenterait. Il ne se rendit au lieu du combat qu’assez tard après l’heure fixée, espérant bien trouver Arthur mort. Mais celui-ci avait été retenu à dessein par la sœur de Drutwas, qui l’aimait. Drutwas, arrivé le premier, fut mis en pièces par ses oiseaux (Iolo mess., p. 188). D’après une lettre écrite par Robert Vaugban à Meredith Llwyd, le 24 juillet 1655, publiée par le Cambrian Register, III, p. 311, et reproduite par lady Guest, on jouait encore de son temps, un air connu sous le nom de Caniad Adar Llwch Gwin, le chant des oiseaux de Llwch Gwin. Une Triade donne Drudwas ab Tryphin comme un des trois aurdafodogion ou hommes à la langue d’or, de la cour d’Arthur, avec Gwalchmai et Madawc ab Uthur (Myv., p. 410, 121).

(66) Kaer Dathl, voir p. 175, n° 4. [je recopie cette note tirée du mabinogi de Math : « *Caer Dathl, ou, avec une voyelle irrationnelle ou euphonique, Caer Dathyl et Dathal, est encore un nom de lieu du Carnarvonshire. Le caer ou fort se trouvait sur une éminence près de Llanrwst (Lady Guest, d’après le Cambro-Briton, II, p. 3). Il en est souvent question dans les Mab. et ailleurs (Myv. arch., p. 151 col. 1; Llewis Glyn Cothi, IV, 1, 7). » ]

(67) Kaw de Prydyn (Ecosse), seigneur de Cwm Cawlwyd, aurait été chassé de son pays par les Pictes et se serait réfugié en Galles, où Arthur et Maelgwn lui auraient donné des terres. Certaines généalogies lui donnent dix-sept enfants tous saints (Iolo mss, p. 109), d’autres vingt et un également saints (Iolo mss., p. 117). Il y a une intention satirique évidente dans Neb, fils de Kaw, mot à mot, quelqu’un, n’importe qui, fils de Kaw ! de même pour Dirmyc (mépris), Etmyc (respect). Mabsant (saint patron), Llwybyr (sentier). Le plus connu des fils est Gildas, auquel une généalogie attribue aussi quatre enfants, quatre saints. Les noms différent beaucoup dans les différentes généalogies. Au lieu de Dirmyc on trouve généralement Dirinic; au lieu de Iustic on a Ustic; Meilic est cité à côté de Nonn par Llewis Glyn Cothi, p. 108, vers 24.

(68) D’après une tradition mentionnée par Tegid (Llew. Glyn Cothi, p. 199, v. 21), Hueil aurait été décapité à Rhuthyn, dans le Denbighshire, sur l’ordre d’Arthur. Lady Guest la rapporte tout au long d’après Jones, Welsh Bards, p. 22. Hueil aurait eu l’imprudence de courtiser la même femme qu’Arthur, d’où un duel dans lequel Arthur fut grièvement blessé à la cuisse. Il guérit, mais resta très légèrement boiteux. Arthur avait fait promettre à Hueil de ne jamais en souffler mot sous peine de mort. Quelque temps après, Arthur devint amoureux d’une dame de Rhuthyn. Il se déguisa en femme pour l’aller voir. Un jour qu’il dansait avec elle et des amis, Hueil le surprit, le reconnut et s’écria :«La danse irait très bien, n’était la cuisse. » Arthur lui fit trancher la tête sur une pierre qui porte le nom de Maen Hueil. Son nom revient assez souvent chez les poètes (Myv. arch., p. 281, col. 2),

(69) Samson aux lèvres sèches.

(70) Taliessin pennbeird, ou chef des bardes. Voy. plus haut Branwen.

(71) Voir le mabinogi qui porte son nom.

(72) Llary, généreux.

(73) Voir p. 209, note. [aux trois familles déloyales dans le mabinogi de Math.]

(74) Llawr, « sol; » Erw, « sillon » .

(75) Annyannawc, bien doué, Menw, intelligence.

(76) Voir le mabinogi qui porte son nom.

(77) Hyveidd Unllen, « à un seul manteau.» Voir plus haut, p. 97, note 2. [Mabinogi de Pwyll, note à Heveidd Hen.]

(78) Mawrvrydic, « magnanime. »

(79) Pennhynev, « le chef des vieillards. » Il manque un nom propre. Il s’agit, sans doute, de Kadwr, comte de Cornouailles. D’après des Triades (Skene, II, p.456), il y a un pennhyneif dans chacune des cours d’Arthur: à Mynyw, c’est Maelgwn Gwynedd; à Kelliwic, en Kernyw, c’est Karadawc Vreichvras; à Pen Rionydd, dans le Nord, c’est Gwrthmwl Wledic.

(80) Ce personnage se confond souvent avec un autre : Llawfrodedd, également surnommé Varvawc, « le barbu » (Myv. arch., 166, col. 2; 148, col. 1; 303, col. 1). D’après une Triade, c’est un des trois bergers de Bretagne; il garde les bœufs de Nudd Hael (Myv. arch., p. 408, 85); il y avait, dans ce troupeau, 20 001 vaches à lait. Dans la liste des treize merveilles de Bretagne donnée par lady Guest, d’après un vieux manuscrit, dit-elle, son couteau est au sixième rang; il servait à manger à vingt-quatre hommes à la même table (Mab., III, p. 354). (Allusions à Llawnroddet, Myv. arch., p. 297, col. 2; 299, col. 2, Llawrodded.) Dans le Songe de Rhonabwy, p. 159, on trouve un Llawroded Varyvawc.

(81) Baryv Twrch, « barbe de sanglier. »

(82) Plus bas, il est donné comme un puissant chef d’Ecosse. D’après les Triades, Kado est un des trois qui eurent la sagesse d’Adam; les autres sont Beda et Sibli doeth, « sage » (Mab. 297, 6). Il n’est pas difficile de reconnaître dans celui-ci Cato, « le vieux Caton. » On l’appelle même Cado hen, « le vieux. » Le saint Kado d’Armorique est différent même comme nom. On prononce, en vannetais, Kadaw ou Kadew (=* Catavos). Berth signifie riche.

(83) Morvran. « corbeau de mer. » D’après la vie de Taliesin, il serait fils de Tegid Voel, «le Chauve, » et de Ceridwen. C’est un des trois ysgymydd aereu ou esgemydd aereu (esgemydd, d’après E. Lhwyd, avait le sens de banc; Cf. istomid dans le cart. de Redon, à corriger en iscomid = ysgymydd); les autres étaient Gilbert, fils de Catgyffro et Gwynn Cleddyfrudd (Skene, II, p. 458; Triades Mab., 304, 25); ils ne revenaient du combat que sur leurs civières, lorsqu’ils ne pouvaient remuer ni doigt ni langue (Myv. arch, p. 404, 33). Le troisième, échappé de Kamlan, est Glewlwyd Gavael Vawr. (Myv., p. 392. 85).

(84) Les Annales Cambriae portent, à l’année 537, la mention « Gueith Camlann, la bataille de Camlann, où Arthur et Medraut tombèrent; il y eut grande mortalité en Bretagne et en Irlande. » D’après les Triades, ce serait un des trois overgad ou combats superflus, frivoles; il aurait été causé par le soufflet que donna Gwenhwyach ou Gwenhwyvach à Gwenhwyvar, la femme d’Arthur (Triades Mab., p. 301, 18; Myv. arch., 391, col. 2). D’après Gaufrei de Monmouth, la bataille aurait été livrée par Arthur à Medrawt, son neveu, qui avait enlevé Gwenhwyvar et usurpé la couronne de Bretagne. Arthur aurait été vainqueur, mais grièvement blessé. Il fut transporté à l’île d’Avallach, d’où les Bretons attendent son retour. D’après une Triade du Livre Rouge, il y aurait été enterré (Mab., 299, 30). Llewis Gl. Cothi appelle cette bataille la bataille d’Avallach, p. 318, v. 3. Gaufrei appelle cette île Avallon. Voir, sur cette bataille, le Songe de Rhonabwy. Le nom de cette bataille revient souvent chez les poètes (Myv. arch., p. 269, col. 1; Daf. ab Gwil, p. 295). D’après les lois de Gwent (Ancient laws, I, p.678), quand la reine désirait un chant, le barde devait choisir le chant sur la bataille de Kamlan. Medrawt y aurait eu pour alliés les Saxons et les Irlandais. Les Triades donnent à Morvran et à Sandde le même rôle que le mabinogi de Kulhwch (Myv. arch., p. 393, col. 2). Camlann (vieux-celt. Cambo-glannà signifie rive courbe,) il y a aussi des Camlann en Bretagne comme en Galles. En Galles: hameau de Camlan en Mallwyd, Merionethshire; Maes Camlan, Bron Camlan en Aberangell, Montgomeryshire (Jones Cymru I, p.99). D’après le Livre noir, le fils d’Osvran a été enterré à Camlan (F-a-B, t. I, p. 29, 22).

(85) Pryd-angell, « au visage d’ange. »

(86) Hen-groen, « vieille peau » .

(87) Tire peut-être son nom de l’Irlandais érimm, course, coureur (Kuno Meyer, Gael and Brython, p. 35, note 5).

(88) Cf. plus haut Anwas adeinawc.

(89) Hen-beddestyr, « vieux piéton.»

(90) Ysgavndroet,«au pied léger. »

(91) Pen. 4 (L. Rh. 463) ajoute : tant qu’il était sur une montagne, c’est sur le bout des roseaux qu’il marchait.

(92) Nav Gyssevin, « Naf, le premier » ; on pourrait aussi faire porter gyssevin dans rysswr: le premier guerrier ou champion. Voir la note p. 264, à Gwenwynwyn [note 6 à Nav, en fait]. C’est le Noé gallois.

(93) Llygad-rudd, « œil rouge; » emys,«étalon. »

(94) Ce Kulvanawyd ou Kulvynawyd (mynawyd, arm. menaoued, « alène; » cul, « étroit ») est le père des trois femmes impudiques de Bretagne : Essyllt Fynwen, l’amante de Trystan; Penarwen, femme d’Owen ab Urien; Bun, femme de Flamddwyn (Ida, porte brandon). Il est de Prydein (Myv. arch., p. 392, col. 1).

(95) Ce nom est aussi écrit Llenvleawc; il parait altéré dans les deux cas.

(96) Ganion est peut-être préférable. D’après le Dictionnaire de Richards, il y aurait eu un promontoire de ce nom en Irlande. John Rhys (Celtic Britain, p. 298) prétend que Ptolémée donne un promontoire des Gangani qu’il faudrait placer dans le Carnarvonshire: Ganion égalerait Gangnones. Or, la lecture adoptée par Müller dans la nouvelle édition de Ptolémée donnée par Didot est le promontoire des Ceangani (Ptol., III, § 2). Les variantes sont diverses sur ce nom dans les mss., mais la leçon Ceangani est certaine. On a trouvé à Chester et aux bouches de la Mersey des plombs portant, l’un Ceangi (s), le second Cea, le troisième Ceang (Hübner, Inscr. Brit. lat., 1204, 1205, 1206). La supposition de John Rhys n’est donc pas fondée. Tacite, Ann., 12, 31, mentionne des Cangos; l’Anonyme de Ravenne, des Ceganges.

(97) Plus connu sous le nom de Dyvynwal Moelmut. D’après les Triades, c’est un des trois post-cenedl, « piliers de race » , de l’île de Bretagne, et le grand législateur (Myv. arch., p 400, col. 2). Les lois donnent sur ce personnage plus ou moins légendaire et son oeuvre de curieux détails (Ancient laws, I, p. 183-184). Gaufrei de Monmouth l’appelle Dunvallo Molmutius et le fait fils de Cloten, roi de Cornouailles (II, p. 17), Dyvynwal ou Dyvnwal (arm. Dumnwal, et plus tard, Donwal) est souvent cité comme législateur (Iolo mss., p. 263, 9).

(98) Peut-être Dyvnarth.

(99) V. plus haut, p. 22 et 108. [p. 22 : remarques sur l’orthographe des Gallois ancien et moyen (celui des Mabinogion). p 108 : bliant est « le nom d’une sorte de toile fine ou de batiste. » ]

(100) Cloff, « le boiteux. »

(101) Paraît le même que Morgan Mwynvawr. C’est un des trois Ruddvoawc (doublet ruddvaawc), qui font le sol rouge, avec Run, fils de Beli et Llew Llawgyffes; rien ne poussait, ni herbe ni plante. là ou ils passaient, pendant une année; Arthur était plus ruddvaawc qu’eux : rien ne poussait après lui pendant sept ans (Tr. Mab., p. 303, 5; cf. Myv. arch., p. 405, col. 1).

(102) Son fils Gweir est plus connu. C’est un des trois Taleithawc (porte-bandeaux) de la cour d’Arthur (Tr. Mab., 303, 4); les poètes en parlent: « Estimé comme Gweir, fils de Gwestyl» (Myv. arch, p. 233. col. 1; cf. ibid., 300, col. 2; 294, col. 1).

(103) Drem, « vue, aspect » ; dremidydd, « celui qui voit.» Il en est question dans les Englynion y Clyweid et chez un poète du XVème siècle, Iolo Goch (Lady Guest, II, p. 341).

(104) Prydyn. C’est le nom donné à l’Ecosse par les Bretons. Il répond à Cruithni, nom qui désignait les Pictes (le p breton répond à un ancien q vieux-celtique). D’après un auteur irlandais, cité par Todd dans une note sur la version irlandaise de Nennius, le mot viendrait de cruth (gallois, pryd), « forme » . Cruithni indiquerait un peuple qui peint sur sa figure et sur son corps des formes de bêtes, d’oiseaux et de poissons (Rhys, Celt. Brit., p. 240). C’est fort douteux: cf. Whitley Stokes, Urkelt. Sprachschatz, p. 63. On trouve aussi Prydein au lieu de Prydyn; Prydein est usité surtout pour désigner la partie de l’île représentant l’Angleterre actuelle, la Bretagne insulaire. D’ailleurs, au lieu de Britannia, on a, chez les géographes anciens, Pretania (sur Pretania, cf. d’Arbois de Jubainville : L’île Prétanique, les îles Prétaniques, les Brettones ou Britanni, Rev. Celt., XIII, p. 398, 519). Au témoignage de Stéphane de Byzance, c’était l’orthographe de Marcianus, d’Héraclée et de Ptolémée. Dindorf, dans une note aux Geographici minores de Didot, p. 517, a constaté que, d’après les meilleurs manuscrits, c’était la forme correcte et pour Ptolémée et pour Strabon. Les noms ethniques des Bretons sont, pour leur pays Brittia, d’où Breiz, vannetais, Breh; pour le peuple Brittones, d’où le gallois Brython, et l’armoricain Brezonec, Brehonec ou la langue bretonne. Le Brut Gr. ab. Arthur (Myv. arch., 530. 2) donne: Penryn Bladon.

 (105) Eidyol. Ce nom existe (V. Iolo mss., p. 161, le conte d’Eidiol et d’Eidwyl). Pen.4 donne Eidoet qu’il fait corriger en Eideol pour Eidiol; cf. L. noir, éd. Evans (7). Eidoel également pour Eideol, Eidiol comme le prouve la rime; sur Eidoel, voir plus bas, p. 312 [il est le cousin germain de Mabon et le seul à pouvoir le retrouver]. Eidiol le fort tua, lors de la trahison de Caersallawg, six cent soixante Saxons avec une quenouille de cormier (Myv. arch., p. 407, 60).

(106) Saer, ouvrier, travaillant la pierre ou le bois, ici charpentier. Sur le saer, voir Trioedd Doethineb beirdd, Les Triades de la sagesse des bardes, Myv. arch., p. 927, col. 1; Brut Tysilio, ibid., p. 459, col. 2; Iolo mss., p. 95, le poète Daf. ab Gwilym est appelé saer cerddi, charpentier, artiste en chants. En irlandais, le saer est aussi charpentier, maçon, architecte (O’Curry. On the manners, III, p. 40-42; Vocabulaire cornique, sair).

(107) Ehangwen, « large et blanche. »

(108) Voir la note à Kei. Un poète du XIVème siècle, Madawc Dwygraig, chantant Gruffudd ab Madawc, dit que les hommes de la terre de Kynyrle pleurent. Or, Madawc est de Ystrad Llechwedd, c’est-à-dire du pays entre Bangor et Conwy (Myv. arch., p. 21, col, 1). Certaines Triades donnent Kynyr Kynvarvawc (Skene, II, p. 458).

(109) Ce n’était pas cependant le plus têtu des Bretons. Les trois têtus dans les Triades sont : Eiddilic Gorr, Trystan ab Tallwch et Gweirwerydd Vawr. On ne pouvait jamais leur faire changer de résolution (Myv. arch., p. 408, 78).