Voyage de Beltaine

Comme toutes les histoires druidiques, celle-ci commence à l’orée d’un bois…

Par Sarah Cochetel

Comme toutes les histoires druidiques, celle-ci commence à l’orée d’un bois. Alors que nous approchons un sentier qui semble nous inviter à entrer dans la forêt, nous nous arrêtons un moment, tête baissée en signe de révérence, demandant humblement à la Forêt la permission d’entrer…

Un hêtre nous fais signe d’approcher, et de part le jeu du vent dans ses feuilles, nous comprenons qu’il nous souhaite la bienvenue, et nous permet de découvrir ses profondeurs après nous être déchaussés. En le remerciant de son hospitalité, nous enlevons nos souliers que nous laissons près de cet hêtre bienveillant, et, frôlant la mousse humide et tiède avec la plante de nos pieds, nous nous aventurons dans les bois profonds.

A peine à quelques minutes de marche sur le sentier, et nous tombons sur une magnifique biche à notre droite. Délicate et confiante, elle nous fait signe de la suivre et passe devant. Elle bifurque rapidement, nous conduisant hors du sentier, à travers bois et nous frayant un chemin parmi les buissons. Des petits insectes (ou des fées ?) survolent chaque buisson que nous frôlons. Les couleurs du printemps sont bien là, et le muguet aussi. Plein de petites boules blanches nous encerclent, et le vert éclatant du début de printemps commence à faire place à un vert plus profond, celui de l’été.

Nous arrivons dans une petite clairière avec des arbres couverts de lierre nous entourant. Au centre de cette clairière, il y a un bassin d’eau claire surveillé par la statue de pierre d’un ancien dieu. Les libellules volent de partout, et les crapauds chantent gaiement leurs chants d’amour. Les oiseaux aussi se joignent à la course folle de la saison des amours et nous chantent leurs plus belles mélodies. Les abeilles butinent alors que la biche se penche doucement sur l’eau pour boire. Nous la rejoignons pour prendre une gorgée d’eau rafraîchissante. En se rapprochant, nous reconnaissons la figure de ce dieu : Bélénos, le Brillant, dieu du Soleil chez les celtes, dont Beltaine porte le nom. Ce sanctuaire est l’un des nombreux qui jonchent les paysages de France, Italie du Nord, Autriche et Suisse. Sa statue est souvent exposée près de ces sources ; nos ancêtres comprenaient que le soleil possède de merveilleuses propriétés médicinales quand il est associé avec l’eau.

Une phrase est gravée sur la roche de cette statue : Penche-toi, et contemple La Mémoire.

La présence de la biche est apaisante, et l’on comprend que l’on est protégé. Alors, la curiosité l’emporte, et nous nous penchons sur ce bassin. L’eau d’abord claire ne renvoi que notre reflet intrigué. Et puis, à force de contempler, l’eau se trouble, et nous nous sentons petit à petit absorbés par elle…

Nous voici propulsés dans l’âge des Grands Feux de Beltaine. Au petit matin de Beltaine, les druides parés de leurs tenues cérémoniales et de couronnes de fleurs sont montés en haut des collines afin de faire la révérence au Soleil Levant. Alors que les habitants des villages alentours on éteint le feu dans leur foyer pour faire fi de l’ancien règne, les druides préparent les neufs bois sacrés qui seront brûlés d’ici peu pour apporter chaleur et bénédictions à tous.

Le saule des rivières…
Le noisetier des rochers…
L’aulne des marais…
Le bouleau des cascades…
Le frêne de l’ombre…
L’if de la résistance…
L’orme de la colline…
Le chêne du soleil…

Le neuvième bois reste un mystère, secret détenu par les plus sages. Les buissons d’aubépine, symboles de sexualité sacrée, jonchent ce lieu vénéré par les Anciens.

Deux foyers pour les feux sont préparés avec les rituels d’usage : un à l’est pour le Masculin, le Soleil, un à l’ouest pour le Féminin, la Lune. Des femmes et des hommes du village élus pour leurs vertus ont été invités à rejoindre les initiés pour allumer les feux ensemble, et ainsi lancer l’appel au rassemblement. Par trois fois, chacun fait tourner un bâton de chêne calé dans un trou creusé sur un autre chêne plus sec, et dès que l’étincelle s’invite, un morceau d’agaric, ce champignon combustible que l’on trouve sur les bouleaux, est ajouté au mélange afin de démarrer le Feu Sacré.

Les druides, accompagnés des ovates et des bardes, entonnent les prières afin de préparer le lieu sacré à recevoir la bénédiction du Soleil, de la Pleine Lune et les habitants des villages alentours…

Pendant ce temps, les villageois en bas des collines se préparent à rejoindre les druides aux sommets. Au petit matin, on se lève tôt pour prendre des bains de la rosée de mai, dite d’apporter un beau teint et une santé de fer, entre autres. On part cueillir le muguet en forêt et on le dépose devant les portes, après avoir dansé autour des maisons en cantonnant des chants d’été. Les danseurs sont généreusement récompensés pour leur art avec de la bonne nourriture partagée partout au village qui se réveille déjà en fête. On sort de chez soi et on embrasse chaleureusement ses voisins pour se réjouir ensemble du Soleil qui bénit à nouveau nos terres.

L’Amour est dans l’air. Certains sont allés chercher à l’aide de bœufs et d’une charrette un arbre, un bouleau droit, coupé en forêt pour le replanter dans la cour du village, en signe de Masculin sacré. Les musiciens font valser les villageoises et villageois autour du mât de Beltaine au son des violons et de la harpe. Chacun tient un bout de ruban rattaché en haut du mât, et hommes et femmes s’entrecroisent en dansant en cercles opposés autour du mât, tissant ainsi ensemble l’union des polarités. Les jeunes amants mettent leurs plus beaux apparats, se poudrent le visage, teintent leurs lèvres et se coiffent de ravissantes fleurs fraîches afin d’espérer attirer l’œil de l’être choisit ou de retrouver sa tendre moitié au crépuscule et de laisser libre cours à leurs passions, honorées en ce soir sacré.

D’autres se prêtent au jeu du théâtre : certains choisiront de représenter le clan de l’été, d’autres le clan de l’hiver. Ils éliront leurs chefs respectifs et les habillerons dans leur thème. Alors que le chef de l’été porte des rubans de couleurs vives, des fleurs et se parfume allègrement, le chef de l’hiver est alourdi par des fourrures, long manteau et un gros chapeau. Chaque clan se défend avec des branches dans un esprit bon enfant afin d’espérer gagner le cœur de la femme élue La Reine de Mai. L’Eté évidemment remporte la victoire, et le chef triomphant, que l’on nomme L’Homme Vert ou le Grand Cornu, repart au bras de sa Reine.

Le bétail est aussi de la fête ! Les vaches qui s’apprêtent à monter en pâturage sont elles aussi ornées de fleurs de saison et autres marques d’amour. Les chèvres, les ânes, les moutons, brebis et agneaux… tous y ont droit. Ils sautent gaiement dans tous les sens sans prendre la peine de contenir leur joie, et ce à la plus grande joie de tous. Ils seront amenés aux feux plus tard dans la journée pour être purifiés avant de poursuivre leur route vers l’herbe grasse…

La journée déjà bien entamée, un enfant repère au loin que les feux des collines s’allument à l’horizon. Il ne reste plus beaucoup de temps avant que le Soleil disparaisse et laisse place à la Lune, alors on se met en route en hâte. Le vieux berger du village sort une corne taillée et lance l’appel. On prend nos dernières affaires, prêts à passer une partie de la nuit sur la colline. On y amène des provisions et offrandes : de la crème aux œufs, du beurre, des flocons d’avoine, du lait (que l’on appelle la rosée de la Déesse), de la bière, du whisky… plein de bonnes choses. On se pare de nos derniers rubans, et nous voilà en route en une longue procession vers la colline la plus proche, enfants, adultes, anciens et toutes les bêtes des troupeaux.

Les musiciens accompagnent la joyeuse compagnie, et l’on chante des prières pour le bétail, implorant la Déesse Bride, gardienne des troupeaux de sa protection divine.

Arrivés en haut de la colline, les brouhahas s’estompent rapidement alors que chacun prend conscience de la nature sacrée de ce qui s’apprête à être vécu en ce lieu magique.

Chacun prend place dans un grand cercle autour des feux de Beltaine alors que les chiens surveillent le bétail. Petits et grands attendent solennellement que les druides prennent la parole…

Après quelques instants de silence, la plus âgée des prêtresses s’avance au centre du cercle, et nous souhaite la bienvenue. Par l’esprit de Bélénos, dieu Soleil, elle invoque la protection et la bénédiction du lieu pour tous, et pour le bon déroulement de la cérémonie.

Elle brandit son bâton sacré et s’exprime, bâton au ciel, et une main tournée vers la terre :

« Ô Grande Déesse, puisses-tu nous apporter la Protection.
Et en la Protection, la Force.
Et en la Force, la Compréhension.
Et en la Compréhension, la Connaissance.
Et en la Connaissance, la Connaissance de la Justice.
Et en la Connaissance de la Justice, l’Amour de celle-ci.
Et en l’Amour de celle-ci, l’Amour de toutes les Existences.
Et en l’Amour de toutes les Existences, l’Amour de la Grande Déesse, et tout ce qui est bon. »

Elle ferme les yeux un instant en murmurant des mots issus de langues oubliées il y a fort longtemps. Elle les réouvre, une lueur particulière brillant en eux. Elle a activé le Feu, l’Imbas, Nwyfre.

Elle incline la tête vers un de ses plus jeunes confrères qui à son tour se lève. Il la rejoint au centre et commence sa prière :

« Au fin fond de mon Être, puis-je trouver la paix.
Dans le Silence, au sein de mon clan, puis-je partager la paix.
Dans la Douceur, au sein du grand cercle de l’humanité, puis-je irradier la paix. »

Il marche vers le Nord du cercle, et poursuit : « Puisse-t-il y avoir la paix au Nord ». Toute la communauté le rejoint et prononce la prière. Chacun imagine cette paix irradier comme une énergie qui se propage partout dans les villages, les forêts, les rivières et montagnes au nord du cercle.

Le jeune druide se tourne vers le sud et passe entre les deux feux.

« Puisse-t-il y avoir la paix au Sud ». A nouveau, tout le monde répète la prière et envoie sa magie aux habitants des contrées plus chaudes du sud.

Le druide passe par sa droite autour du Feu de l’ouest et entonne : « Puisse-t-il y avoir la paix à l’Ouest ». Les bonnes intentions pour les habitants de l’ouest étant envoyées, chacun en profite pour se connecter à son Féminin sacré et lui souhaiter la paix.

En poursuivant son chemin avec le Feu de l’Ouest à sa droite, repassant par le centre et contournant le Feu de l’Est à sa gauche, le druide finit sa prière : « Puisse-t-il y avoir la Paix à l’Est ». Et chacun envoie la paix à son Masculin sacré et aux contrées lointaines de l’Est.

Le jeune druide rejoint la grande prêtresse au centre, et ensemble : « Puisse-t-il y avoir la paix dans le monde entier ».

Après avoir répété cette dernière prière, les villageois et les druides chantent ensemble trois Awen, mot sacré qui exprime l’illumination.

Alors que le Soleil commence à se faire discret à l’horizon, Dame Lune entame son règne pour cette nuit sacrée de Beltaine.

Et la cérémonie continue. Des objets sacrés représentant les pôles sont présentés au centre du cercle : l’Epée et la Coupe, l’Or et l’Argent, l’Huile et l’Eau… Les druides partagent connaissances et perles de sagesse sur ces deux pôles et leurs unions, et nous rappellent la couleur de notre âme, qui a connu le mélange des deux expériences et bien d’autres encore. Accompagnés des bardes, ceux-ci se font une joie de réciter des poèmes, des contes, des ballades et des légendes d’antan… De cette vieille femme qui racontait avoir rencontré la Chevauchée des Esprits un soir de Beltaine alors qu’elle se reposait sous un buisson d’aubépine… ou encore celle de Thomas le poète qui rencontra sous ce même arbre la Reine du pays des Elfes et ainsi reçu le don de voyance… des légendes d’amour Arthurienne, celle de Tristan et d’Isolde, de Guenièvre et Lancelot… Celles de la Reine Maeve aux cuisses hospitalières et à l’appétit insatiable…

Les ovates aussi nous enchantent : ils se connectent aux esprits du lieu et nous partagent leurs histoires. Ils se relient aux neuf bois sacrés et racontent leurs vertus. Ils nous parlent de la sexualité d’autres espèces dont nous n’aurions jamais soupçonné l’ampleur. Ils distribuent la rosée du matin de mai récoltée à l’aube et font profiter de ses vertus curatives à tous. Les malades sont appelés un à un au centre du cercle, et sont purifiés par le feu et l’eau.

A leur tour, les habitants du village partagent leurs histoires, et là où ils cherchent un conseil avisé, les druides répondent en rimes. Les jeunes hommes et jeunes femmes sont invités à prendre des fleurs et les déposer dans le cercle devant celles et ceux dont ils espèrent s’attirer les faveurs. D’autres plus prudes choisiront leur moment pour dévoiler leur flamme plus tard dans la soirée, quand la danse du Feu sera lancée. Des lettres d’amour sont prononcées à haute voix, parfois pour des époux, parfois pour des amants, des parents, foyers, animaux, plantes, Dame Nature… On improvise aussi des poèmes ensembles, assistés des bardes. On laisse nos voix s’entremêler et voyager avec les anges.

Les druides invoquent les esprits des quatre directions, de la Forêt, des rivières et torrents, du saumon de la Sagesse, de l’ourse des cieux étoilés, du grand cerf haletant dans sa course, du faucon qui perce l’air. Les énergies sont folles, et plus personne n’est si sûr de ce qui est présent dans la matière ou dans le monde invisible de l’imaginaire. Les barrières entre les mondes se liquéfient et ne font presque plus qu’un. L’illusion n’existe plus, puisque tout EST. Tout devient possible, et l’amour est palpable dans l’air. Il n’y aura aucune mauvaise intention ce soir, nous sommes protégés. Humains, pierres, étoiles… les noms n’ont plus d’importance. Nous ne sommes plus que des énergies vibrant ensemble à l’unisson, et c’est bien ainsi.

Dans cette extase collective, la cérémonie prend fin sur une nouvelle intonation d’Awen qui ramène un peu les gens dans la matière, bien que le voile entre les mondes soit encore très fin sous cette pleine lune de Mai. Les Anciens donnent leurs derniers conseils de Beltaine :

« Trouve une belle fleur et observe l’abeille la butiner. Enlève tes souliers, et marche pieds nus au contact de l’herbe. Ecris un poème ou une chanson d’amour. Célèbre ta sexualité. Fais appel à ta créativité pour faire quelque chose d’inédit. Si tu es femme, prends le temps de te mettre dans la peau d’un homme. Si tu es homme, prends ce même temps pour comprendre les femmes. Aux pleines lunes, regarde le soleil se coucher à l’ouest au moment où la lune se lève à l’est. Fais l’amour à ce moment-là. Danse autour d’une flamme. Cours, saute et crie ! Laisse l’énergie du Feu de la Terre t’envahir et te donner l’énergie pour les mois d’été à venir. »

On fait place aux purifications par le feu, cet intermédiaire entre les hommes et les dieux. Les jeunes hommes sautent au-dessus des grands feux de Beltaine alors que les plus anciens et moins agiles tournent autour en murmurant des prières. Le bétail est passé entre les deux feux et à l’aide d’éventails, on les purifie avec la fumée en espérant les préserver des maladies. Les musiciens les accompagnent. Des offrandes sont aussi jetées aux flammes comme des prières vers les cieux. Et quand les flammes s’estompent un peu, on fait passer les femmes qui espèrent elles aussi prospérité et fertilité. Celles enceintes attendrons encore un peu que les flammes diminuent et passerons au-dessus pour bénir leurs futurs enfants.

Les feux sont ravivés, et place à la danse. On sort les instruments aux sons profonds. On danse des heures dans la belle chaleur estivale en invitant l’été parmi nous. Certains pris par la transe finiront nus dans l’innocence du corps et de la matière qui ne font plus qu’un avec Dame Nature. D’autres se poseront plus loin pour refaire le monde en parlant jusqu’à l’aurore. Certains préfèreront se perdre dans leur intériorité et frôlerons de leur nus pieds les herbes qui sillonnent un chemin tracé dans un labyrinthe ou une spirale sacrée marquée d’humble pierres posées au sol il y a fort longtemps. Les jeunes amants quant à eux s’en vont se perdre et s’aimer dans les buissons alentours, là où tout n’est que magie. Les fées les accompagnent et leur font perdre la notion du temps. Plus d’une tomberont enceinte ce soir-là, et leurs enfants seront célébrés comme les enfants du divin, les Enfants de Beltaine.

Alors que se pointe le jour, le village redescend tranquillement de la colline avec des braises pour rallumer leur propre feu, sauf les paysans qui poursuivent le chemin avec leurs bêtes vers les pâturages après avoir longuement embrassé leurs familles. Les druides remercient le lieu et les éléments avant de revêtir eux aussi leurs vêtements de villageois et redescendre vivre dans la Matière. Alors que nous les accompagnons sur le chemin du retour, quelque chose lointain nous rappelle vaguement l’image d’une biche et d’une clairière…

Sans trop comprendre comment, nous revoilà face à un bassin d’eau claire, qui reflète allègrement notre visage serein et nos yeux plein d’étincelles.

En relevant doucement la tête, on voit la biche qui s’est assoupie près de nous. Elle pressent notre retour, et nous regarde de ses beaux yeux en amandes. On comprend mutuellement que chacun vient de vivre un moment de Mystère profond, chacun dans notre langage. Elle se relève, et nous reconduit hors de la clairière.

On traverse le bois rapidement, le sol nous ramenant petit à petit à la réalité. Et nous voilà si vite à l’orée du bois. On s’incline devant la biche qui nous rend notre révérence et s’en va gaiement rejoindre les siens. On récupère nos souliers près de l’hêtre qui nous a accueilli, et on revient sur le chemin de la maison, le cœur rempli de souvenirs qui semblent bien réels…

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